Stage de Trail à Chamonix : souvenirs de vacances ‘reposantes’

Parfois nous avons tous besoin de faire une petite pause dans cette vie de tous les jours, pour prendre soin de nous. Bien évidemment, si vous êtes un visiteur assidu de ce site, ce n’est sûrement pas à la recherche des meilleurs spas et hôtels 6 étoiles dans la région.

Non, vous faites sans doute partie de la même catégorie de gens que moi, un peu ‘spéciale’ (pour n’offusquer personne), pour qui le concept de vacances est un peu différent. Il faut que ce soit dur ! Il faut que ce soit une aventure ! Et SURTOUT, il faut revenir plus fatigué qu’avant le départ – sinon ce ne sont simplement pas des vacances réussies !

J’ai peut-être une petite idée pour vous, et je vous propose de m’accompagner dans les Alpes, à Chamonix, pour se dégourdir les pattes et l’esprit avec un Stage Trail.

Vous demandez-vous déjà que faire lors de vos prochaines vacances, pour alléger votre quotidien tumultueux ? Laissez-moi vous présenter une idée de vacances … ’reposantes’, comme je les appelle.

J’ai choisi l’organisme bien connu en France en matière de stages sportifs : l’UCPA (tous les liens utiles sont listés en bas de l’article). Ils offrent différents formats de stages, allant de stage découverte à stage intensif … J’ai décidé que tant qu’à faire, autant partir sur un format exigeant : un Break Volume de 4 jours (dont 3 en groupe), niveau intensité physique *** et aux prérequis à vous faire pâlir, ferait l’affaire !

Et puis bien sûr, venant de Belgique (et résidant en Flandre qui plus est), cela me semblait l’occasion idéale pour travailler sur mon dénivelé. Oui ma foi, autant ne pas faire les choses à moitié !

Alors voilà comment, munie de mon petit sac de trail et de mes bâtons, je me suis retrouvée en chemin pour Chamonix – la capitale du Trail par excellence.

Première matinée et découverte du groupe avec lequel j’allais passer les prochains jours: nous serions un grand total de 4 stagiaires … Et en terme de parité, l’idée répandue (et à juste titre) que les femmes sont largement en minorité dans les évènements Trail allait en prendre un grand coup : sur les 4 stagiaires, 4 femmes ! En voilà une belle équipe.

Au menu du premier jour

Nous sommes partis d’Argentière tranquillement, en mélangeant un peu de course avec des exercices techniques de temps à autre. Par exemple, mon préféré fut celui où notre guide nous a encouragées à fermer les yeux en courant – pour améliorer notre mémorisation du chemin, soit disant ! C’est à ce moment là que j’ai compris que notre instructeur n’avait sûrement pas toute sa tête !

Peu de temps après, nous avons commencé à prendre de l’altitude, tout d’abord jusqu’au Chapeau à 1.570m, avec un magnifique point de vue sur la Mer de Glace.

Nous sommes ensuite allés nous promener vers Tête de Prapators, à 1.844 mètres, puis enfin jusqu’au Refuge de Lognan à 2.032m.

Oui … vous avez compris … si vous doutez de quel chemin emprunter, prenez celui qui grimpe !

Nous sommes finalement arrivés à notre point de course le plus haut pour la journée (avec encore un peu de dénivelé en réserve à venir bien sûr), très proche du Glacier d’Argentière. Quel spectacle de pouvoir voir un glacier de si près pour la première fois.

Pour terminer la journée, nous avons décidé de jouer les touristes et de prendre la remontée mécanique jusqu’aux Aiguilles des Grands Montets, 3.275m. Et de là-haut, des vues à couper le souffle: Mont Blanc, Aiguille du Midi, Aiguille du Goûter … ils sont tous là, fiers géants imposants et menaçants.

Pour une première journée, ma montre aura enregistré plus de 18km et 1.700m de dénivelé positif. On peut dire que ça change de la Flandre !

Anecdote n°1 : Dodo à l’heure des poules

Avec des journées pareilles, c’est considéré tout à fait acceptable, même pour des gens relativement jeunes, d’aller se coucher à 21h ! Enfin un monde dans lequel être un lève-tôt-couche-tôt n’est pas bizarre !

Deuxième jour

Le deuxième jour fut un bol d’air frais – très frais même, puisque nous avons grimpé au dessus des 3.000m d’altitude. Objectif de la journée : le sommet du Mont Buet.

En prévisions météo : conditions parfaites, un peu froid (surtout là-haut), mais un ciel dégagé, ce qui est annonciateur de vues formidables à venir.

Non pas que vous ayez réellement le temps d’admirer le paysage, que ce soit en montée comme en descente, le terrain demande beaucoup trop de concentration pour laisser votre regard vagabonder à droite à gauche !

Anecdote n°2 : La montagne ne vous transforme pas en poète

Il est très dur de courir tout en profitant réellement et pleinement du paysage. On se retrouve en effet entièrement concentré sur la tâche présente où chaque pas doit être calculé. En revanche, à chaque micro-pause, le moment où l’on se force enfin à lever les yeux est une véritable récompense. Des fois agrémenté d’un “woh”… et des fois un peu moins poétiquement d’un “oh putain”, tant les vues sont impressionnantes.

En terme de paysage, c’était très varié. Le début à travers une section de forêt, à côté d’une rivière et plus on progressait, plus le terrain devenait désertique et technique. D’ailleurs je me suis souvent retrouvée à 4 pattes : plus simple que de tenter de savoir où poser ces foutus bâtons ! Mais peu importe : là-bas, personne ne juge sur l’esthétisme de l’ascension !

Une fois au sommet, nous avons eu un panorama magnifique de la chaîne de montagne nous entourant. Un petit détail, cependant, que ni les images ni le texte ne peuvent retranscrire adéquatement, c’est à quel point il y avait du vent et il y faisait froid ! Pour vous donner une idée, il m’a fallu 5 bonnes minutes avant de réussir à enfiler mes deux bras dans ma veste. Je n’étais pas particulièrement amusée à l’instant même, comme vous pouvez l’imaginer, mais en repensant à la scène maintenant, ça me fait bien rire.

Ensuite, moment fatidiquement attendu : il a bien évidemment fallu redescendre !

Je me suis bien amusée sur ce terrain très technique, au début, tout du moins. Sur les 5 derniers kilomètres en revanche, il y a eu un bug. Je l’ai diagnostiqué comme une overdose de cailloux !

Anecdote n°3 : L’overdose de cailloux devrait être un trouble psychologique reconnu

Il est tout à fait possible de faire une overdose de cailloux ! Oui oui… laissez-moi vous expliquer.

Après les séances d’exercices du premier jour, où nous avions abordé le fait d’utiliser le terrain à notre avantage, j’ai débuté le deuxième jour en mode ‘Les cailloux sont mes amis’, pleine de bonne volonté.

Seulement, chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est qu’après plus de 4h de concentration, mon cerveau à tout simplement grillé ! Pouf, overdose. Sur la dernière section de descente, mon cerveau a refusé de continuer à conceptualiser où poser ces pieds devenus trop emmerdants. Drôle de sensation !

Mais bref. Le retour s’est tout de même effectué, non sans plainte, certes ! Au total, ma montre aura enregistré un parcours de 20km avec un gain de 1.840m … Une belle journée en somme !

Jour trois

Le troisième jour fut notre dernière journée de groupe, et il a été un peu abrégé pour moi.

Après une très mauvaise nuit et étant réveillée depuis 4 heure du matin, au moment du rassemblement à 8 heure, je me sentais vraiment pas top : vide d’énergie et fiévreuse.

Mais heureusement, l’excursion de la journée allait offrir la possibilité de revenir avec le train à différents points en cours de route. Donc je me suis lancée tant bien que mal pour notre dernière sortie !

Nous sommes partis du centre d’Argentière en direction de la vallée de Chamonix. Les jambes un peu lourdes après les deux jours précédents, mais étonnamment correctes après quelques minutes de course. Je ne m’y attendais pas, vu que je déambulais comme un canard handicapé dans les couloirs le matin même ! Notre premier objectif était le Montenvers et ses superbes vues sur la Mer de Glace. Le chemin que nous avons emprunté était un sentier forestier vraiment magnifique, tout comme je les aime. Il commençait en revanche à pleuvoir, ce qui rendait les pierres lisses très glissantes. Au long du parcours, nous avons aussi eu le droit à des échelles et des repose-pieds métalliques étranges : tout pour notre divertissement !

Donc non seulement j’étais lente ce matin, mais en plus de ça énormément distraite. Ce chemin nous a finalement conduit jusqu’au panorama, avec une vue imprenable sur le glacier au-dessus de 1820m.

 

Une fois là, après une rapide évaluation physique et mentale, j’ai décidé de m’arrêter pour la journée : trop fatiguée et pas assez concentrée pour continuer bien plus longtemps. Je me suis excusée auprès du groupe, leur ai souhaité bonne continuation et suis allée attendre le train, telle une aventurière solitaire vaincue, trempée et frigorifiée.

Je n’aurai donc parcouru que 11km et 954m de dénivelé ce jour là. Ceci dit, je n’ai eu aucun regret concernant ma décision de quitter plus tôt. Dans ce sport et cette passion, il est aussi important de pouvoir réaliser lorsque vous êtes proches de vos limites et de ne pas mettre en danger la sécurité et la jouissance de tout un groupe simplement à cause de votre propre entêtement.

Voici donc un résumé de ces 3 jours intenses de stage ! Ce n’était cependant pas la fin de mes petites aventures à Chamonix, puisque j’avais décidé de prolonger avec trois jours en solitaire par la suite, pour arborer les alentours en randonnée (rajoutant donc 45km et 3940m de dénivelé au compteur). Après tout, avec un terrain de jeu pareil, il est primordial de s’accorder un peu de temps pour vagabonder à son rythme et en pleine autonomie aussi.

Ceci dit, je ne vais pas vous faire un rapport détaillé de ces journées, par peur d’avoir déjà pris trop de votre temps … Je partagerai juste quelques photos prises lors de ces sorties : au Plan de l’Aiguille et à La Jonction notamment, pour vous convaincre qu’il y a de quoi faire et que c’était simplement splendide !

Sortie au Plan de l’Aiguille :

Sortie à La Jonction :

Mes impressions sur ce genre de vacances

Extra, tout simplement. Cela permet de :

  • Découvrir une région de façon encadrée avant de s’aventurer en solitaire.
  • Rencontrer des compagnons de Trail tout aussi passionnés et qui sait, les revoir peut-être lors d’événements futurs.
  • S’accorder quelques jours entièrement consacrés à sa passion et son entraînement.
  • Faire un point sur ses capacités en tant que coureur et améliorer certains aspects techniques.

Anecdote n°4 : L’estime personnelle peut en prendre un coup

Cette mise à l’épreuve en terrain réel m’a appris que j’avais complètement faux sur mes capacités en tant que coureuse. Jusqu’à présent, j’étais persuadée qu’en descente je n’étais pas mauvaise, avec mon compagnon me surnommant affectueusement (je l’espère!) “chèvre de montagne” à chaque fois que nous dévalons ensemble les pentes de Belgique. Et au final… les choses se sont avérées bien différentes. En montée, ce que je pensais être mon point faible, je devançais souvent le groupe… En revanche en descente… Mon style était bien celui d’une chèvre, oui, mais d’une chèvre tétanisée!

La technique de descente en chemin caillouteux et pentu est vraiment tout un art à ne pas sous-estimer.

Alors … tentant n’est-ce pas ? Vous avez envie de vous lancer dans une aventure similaire ? N’hésitez pas !

Et pour être clair : non, vous ne reviendrez pas transformé en homme plein de sagesse et mieux armé pour les aléas de la vie. Simplement, vous reviendrez avec le sourire aux lèvres, les yeux plein de merveilles, et un peu plus courbaturé !

Ressources et conseils

Je voulais que cet article soit non seulement divertissant mais aussi utile. Voici donc une petite liste de ressources et conseils… Ceci dit, n’hésitez pas à me contacter –  je serais ravie de vous aider à planifier votre future escapade !

Ressources

⇒ Pour plus d’informations sur les activités sportives offertes, visitez le site de l’UCPA.

Leurs formules en général incluent hébergement complet, repas et tout ce dont vous avez besoin. Le site d’Argentière était vraiment au top, avec sauna, piscine, salle d’escalade, salle d’étirements etc.

⇒ Comment se rendre à Chamonix / Argentière : Il y a des vols directs de Bruxelles à Genève, puis ensuite vous avez des services de navette (tel Mountain Dropoffs) qui peuvent directement vous déposer à Argentière.

⇒ Comme carte, j’ai principalement utilisé la carte de randonnée « Sentiers de montagne en été » que vous pouvez acheter à l’office de tourisme d’Argentière ou de Chamonix.

⇒ Pour les prévisions météorologiques, j’ai utilisé le site chamonix-meteo.com (mais heureusement durant mon séjour, c’était plus souvent pessimiste qu’en vrai… donc mieux vaut mettre le nez dehors et être préparé pour tout type de changement)

⇒ Vous pouvez trouver les tracés GPX de mes sorties ici :

Pendant le stage Trail : jour 1jour 2jour 3

En Rando solo : jour 1jour 2jour 3

⇒ Et enfin, toutes les photos de cet article sont disponibles ici.

Conseils pratiques

⇒ Bâtons : Ils ne sont pas obligatoires, notre instructeur n’en avait pas par exemple, c’est une question d’habitude. Mais je les ai trouvés particulièrement utiles lors des montées, pour se forcer à préserver un bon rythme et à utiliser tout le corps plutôt que seulement les jambes.

⇒ Sac de course : Le sac de trail que j’utilise depuis des années est un 6L, et c’était clairement insuffisant pour ce genre de sortie à la journée en montagne. Je recommande au moins un 12 L.

Pour ce qui est de quoi emporter, puisque vous êtes en montagne, il faut prévoir beaucoup de choses : de la crème solaire, des lunettes de soleil adaptées, un pull léger, une veste imperméable, des gants légers, assez d’eau et de snacks bien sûr, et idéalement une petite trousse de premiers secours, surtout si vous partez seul. Il faut savoir que les conditions météorologiques varient énormément, surtout en haute altitude : il est donc important d’être bien préparé pour toutes éventualités.

⇒ Chaussures: À cet égard, c’est une question de goût personnel. Mes Salomon SpeedCross 4 ont été parfaites, mais je comprends que certains peuvent préférer des modèles plus flexibles.

⇒ Navigation / GPS: Durant mon séjour, j’ai beaucoup utilisé une application GPS sur mon téléphone qui s’appelle Alpenvereinaktiv, que je recommande grandement. L’application vous permet de télécharger des cartes à l’avance et de les utiliser en mode offline. La plupart du temps, je traçais l’itinéraire que je prévoyais de prendre la nuit précédente sur mon ordinateur via leur site web, et je téléchargeais ce tracé ensuite comme carte offline sur mon téléphone. Cela m’a rendu la navigation en solo facile, et surtout, très fiable.

Merci à tous de m’avoir accompagné le temps de ce récit de vacances reposantes à Chamonix !

Sophie @ Les Aventures de Sophie © RUNNINGGEEK.BE 2017

Trail Running Stage in Chamonix : article publié initialement sous forme de feuilleton, en anglais, sur le blog lesaventuresdesophie.com – merci à Sophie, notre blogueuse invitée !

4 réflexions sur “Stage de Trail à Chamonix : souvenirs de vacances ‘reposantes’

  1. Merci pour cette proposition d’article Jonathan… et bravo et merci à Sophie. Bravo… pour la qualité de sa plume… merci …pour le partage de sa passion.

  2. Sympathique compte-rendu ! Cela me rappelle que je dois encore attendre le mois d’août 2018 pour mes prochaines vacances à la montagne…. #LETYPE #DECOURAGEAYY 🙂

Répondre à TomTomAnnuler la réponse.