Quentin nous avait laissé début janvier avec sa rétrospective de 2018 et son programme de 2019. Où en est-il ? La réponse dans cet article.
Programme
Fin décembre, début janvier, la MasterCard a chauffé. Non pas que je me sois laissé tenter outre-mesure pendant les fêtes ou les soldes. Non, j’ai simplement établi mon programme pour 2019.
Le tirage au sort pour le Marathon du Mont-Blanc nous ayant été favorable, je me suis retrouvé devant l’obligation de me mettre au trail et d’en programmer quelques-uns pour ne pas arriver la fleur au fusil à Chamonix. A côté de ça, je n’ai évidemment pas laissé tomber mes premiers amours, les 20km de Bruxelles et l’ACRHO. Bref, le mois de janvier se termine et me voilà avec un joli programme sous les yeux.
- 02/02 : Trail des Poètes (26km)
- 24/02 : Flowtrail (15km)
- 01/05 : Trail du Diable au Sukre (31km / 700m D+)
- 19/05 : 20km de Bruxelles
- 08/06 : Trail du Viroin (36km / 1150m D+
- 30/06 : Marathon du Mont-Blanc (42km / 2700m D+)
- 08/09 : Trail de la Côte d’Opale (31km / 850m D+)
- 20/10 : Marathon d’Amsterdam
Trail Des Poètes
Depuis le tirage au sort, ce Marathon du Mont-Blanc a hanté mes pensées. Dès la saison de l’ACRHO terminée, j’ai profité de l’hiver pour me balader dans le Mont Saint-Aubert. Dans la région, les options sont rares. Mais j’y ai trouvé un terrain de jeu agréable et y ai fait quelques sorties de 12 à 20km avec le Col des Possettes (NDLR : principale difficulté du Mont-Blanc) mais aussi le Trail des Poètes dans un coin de la tête.
Je me présente donc le 02 février au Collège de Kain pour affronter le Mont Saint-Aubert, 26 kilomètres et 600m de D+ annoncés. Premier dossard de l’année, je suis excité comme un enfant à la rentrée des classes (un enfant en bas âge bien sûr).
Fidèle à moi-même et rassuré par mes quelques entraînements dans le Mont, je pars à toute allure. Quelle bonne idée ! Je passe les 10km en 53’ … Et puis, plus rien. Plus rien dans les jambes. Le terrain boueux, les difficultés s’enchaînant les unes après les autres, j’étais totalement cramé. Je me fais dépasser et dépasser, impossible de me remettre en route. Pas question toutefois d’abandonner. Je finirai donc péniblement les 16 kilomètres suivants en un plus de 2 heures et passerai la ligne d’arrivée en 2h54.
Une sacrée claque ! La tartiflette, les Bigote et la bonne ambiance aideront à faire passer la pilule. Mais cela restera une (nouvelle) bonne leçon pour l’avenir.
Flowtrail
Trois semaines plus tard, je ressors mes chaussures de trail avec lesquelles j’étais fâché depuis cette sombre soirée d’hiver. Direction Maubray et son aérodrôme pour le Flowtrail.
Avec Rémy, nous avons opté pour le 15km en binôme. La veille, je m’étais rassuré sur la première challenge de l’ACRHO à Bury (moyenne 4’07’’). Rémy est déjà en forme et plus fort que moi. Ce sera donc moi qui ferai la différence, en bien ou en mal dans ce genre d’épreuve. Pourquoi ne pas aller chercher un Top 10 ?

Le départ est donné et 4 équipes s’envolent dès les premiers hectomètres. On se retrouve rapidement en duel avec un autre duo (Georges et Mathieu) pour la 5ème place. Pendant 5-6 kilomètres, nous courons à 4. Mais je dois lâcher prise et rappeler Rémy. Nous laissons filer nos adversaire du jour et la 5ème place. Je reprendrai bien un peu de force après la Forêt de Flines mais l’écart est trop grand. Nous échouerons à 30 secondes des portes du Top 5. J’en garde un excellent souvenir. C’était la première fois que j’avais l’occasion de jouer un classement, c’est extrêmement grisant.
ACRHO
Depuis février, l’ACRHO a repris ses droits. Cette année, j’espère accrocher le Top 50. Pour ce faire, c’est simple : 25 courses (minimum), 10 patronnées et surtout 15 challenges. Je me fixe l’objectif de mettre 10 challenges au-delà des 8.000 points. Arborant mon nouveau dossard 58 relatif à mon classement de 2018, j’ai déjà pu dépasser cette barre des 8.000 points à Bury.
Deuxième challenge au menu : la Gallo-Romaine. J’affectionne particulièrement cette course sur laquelle j’avais signé mon premier Top 100 en 2018 (en 4’16’’ de moyenne). Pour accrocher les 8.000 points, il faudra cependant aller plus vite et s’approcher ou descendre sous les 4’10’’.
Je décide de prendre ma chance et de partir vite, aux alentours de 4’00’’. La course de Bury m’avait rassuré. Je n’avais pas trop perdu en vitesse cet hiver. Et avec les kilomètres emmagasinés, je me sentais capable de tenir l’allure assez longtemps. A la mi-course, je me retrouve dans un petit groupe de 4-5 personnes dont un coureur faisant l’allure pour son ami. Je m’efforce de rester avec eux. Les kilomètres passent et je tiens bon. Et même s’ils me lâcheront dans le dernier kilomètre, je bouclerai cette course en 3’59’’ de moyenne et 8.228 points au compteur.
Sur le Jogging de l’Institut Libre des Métiers, je n’arriverai pas à ce doux total de 8.000 points. Les premières chaleurs et cette belle bosse dans les environs du Mont Saint-Aubert auront raison de mon objectif. Mais j’avais prévu qu’il serait difficile d’aller chercher quelque chose sur cette course à la fois courte (facteur négatif dans l’équation de l’ACRHO) et relativement difficile (comprendre « peu rapide »). Il y aura d’autres occasions.
Cette obsession des points choquera peut-être certains d’entre vous. Pour moi, c’est un moyen simple pour me motiver et chiffrer ma performance. Je garde encore une âme de compétiteur et je me nourris de cette petite compétition amicale avec les autres coureurs et envers moi-même. C’est pour le moment comme cela que j’éprouve du plaisir en courant.
Avril et mai : l’heure des choix
Ces mois s’annoncent très costauds. Le Mont-Blanc approche et je suis assis entre deux chaises. Préparer très sérieusement le Mont-Blanc ou être présent et en forme sur les courses qui me tiennent à cœur. Les deux sont difficilement compatibles et je dois établir mes priorités pour l’année.
Le Marathon d’Amsterdam sur lequel j’espère signer une grosse progression (PR : 3h57 à Namur en 2018)
L’ACRHO : Top 50 !
Les 20km de Bruxelles : Ma toute première course, celle que j’aime tant détester.
Le Mont-Blanc sera plutôt à classer dans le rayon découverte. Une expérience extraordinaire avec les amis et la possibilité de courir dans un cadre magnifique et de découvrir une nouvelle discipline. Nous en prendrons sans doute plein les yeux, tant par le décor que par l’organisation qui, avec le Marathon justement, fait partie du Golden Trail World Series.
Néanmoins, dans le but de ne pas subir la course et d’avoir une chance d’atteindre l’arrivée, et sur les bons conseils de Quentin D. (pas moi, mais un ultra-traileur confirmé), j’ai planifié trois « week-ends choc » à J-9 semaines, J-6 semaines et J-3 semaines. Le principe est simple, s’envoyer la distance et le dénivelé de l’épreuve en 2 jours. Pour la distance, je m’en accommoderai plutôt bien … pour le dénivelé par contre, ce n’est pas gagné et on fera avec ce qu’on a sous la main.
J’ai donc intégré ces trois blocs à mon programme du printemps. Coup de chance ou pas, cela s’imbrique vraiment bien et me laisse à chaque fois 2 semaines de « récupération » avant les 20km de Bruxelles et La Kainoise. Les copains ont choisi le Trail du Jambon et/ou l’OHM Trail, deux épreuves belges offrant assez de dénivelé positif. Mais malheureusement, ces deux courses tombent respectivement la veille de Bruxelles et le jour de La Kainoise. Je me contenterai du Trail du Viroin (36km) le 8 juin en guise de mini-répétition.
La saison des semis
Je l’avais annoncé. Cette année, je veux vraiment progresser sur les longues distances (20km et semi). Je prépare donc activement le premier rendez-vous, les 20km de Velaines, sorte de répétition et test grandeur nature un mois avant Bruxelles. J’espère passer sous 1h30 sur cette course.
Le vent souffle sur les plaines … velainoises. Dès le départ, je cherche des compagnons de course. Rapidement, je me retrouve en duo avec Mathieu, 5ème du Flowtrail, qui avait fait 4’31’’ l’an passé sur ce parcours. Il a les mêmes ambitions que moi et nos niveaux sont assez similaires. Du kilomètre 2 au kilomètre 19, on ne se lâchera pas.
Dès le début, ça roule bien, en 4’25 » de moyenne. A la base, je pensais jouer la prudence et tourner en 4’30 » sur les 12-15 premiers … mais voilà, les circonstances font que …
On arrive rapidement dans une portion de 4-5 kilomètres où nous aurons le vent de face ou de trois quarts face. Jusqu’ici, on discutait tranquille mais je lui propose de se relayer sur cette partie de la course. On tourne environ tous les 200 mètres et ça fait du bien. Parfois, on profite du sillage d’un coureur revenant de l’arrière pour nous planquer. Hormis le 9ème kilomètre (bosse) en 4’36 », on tourne généralement en 4’25 ».
On arrive à la mi-course. Je me démène pour prendre un gel dans ma ceinture et j’arrache une partie de mon dossard qui ne tient alors plus que par une épingle (pas bien solides ces nouveaux dossards).
Je me retourne un peu pour voir ce qui se passe derrière. J’aperçois un groupe d’une dizaine de coureurs qui revient peu à peu sur nous. Plutôt que de s’époumoner à deux, je propose de les attendre pour la prochaine portion face au vent. Dès qu’ils reviennent, je me mets au fond du groupe. Je suis à l’abri et je récupère un peu. Il reste 2 bosses aux 15ème et 18ème.
Dans la 1ère bosse, le groupe éclate. Il y en a partout, je force un peu pour rester avec les 4 plus forts. Finalement, le groupe se reformera, à quelques exceptions, près 1km plus loin.
Mon dossard flotte et commence à m’ennuyer (pour rester poli) … je l’arrache, le roule et le met sous mon t-shirt (ça me coûtera un téton). On arrive dans la dernière vraie bosse au 18ème, ça fait mal. On a encore 500m de plat avant de tourner et de redescendre vers le village … face au vent.
Je me sens encore relativement bien. Je prends la tête du petit groupe et j’accélère. Je regarde ma montre. 1h20, il reste 2km. C’est gagné pour l’objectif d’1h30 … J’accélère, je fais le 19ème en 4’05 ».
Malheureusement, les 500 derniers mètres sont en léger faux-plat montant et je coince. J’ai accéléré trop tôt et me fais déposer par deux de mes anciens compagnons. Je finirai ces 20 kilomètres en 1h28’27 » en 4’25 » de moyenne. Record battu. J’ai pris beaucoup de plaisir sur un parcours pas forcément évident. De bon augure avant les 20km de Bruxelles !
Premier week-end choc
Ce 1er mai, fête du travail, ne s’annonce pas de tout repos. Je suis inscrit sur le Trail du Diable au Sukre (31km et 700m D+). Depuis le Trail des Poètes, c’est mon premier gros trail en solo.
L’organisateur nous annonce avant le départ que le dernier tiers de la course sera le plus compliqué. Cela ne fait que me conforter dans la nécessité de partir prudemment et de gérer. De toute façon, les jambes sont très lourdes. J’ai couru 28km 4 jours plus tôt et je le sens directement. Je pars donc calmement. J’essaie de profiter sans me fixer réellement d’objectif. Et bien, ce n’est pas plus mal. J’ai vraiment profité, je me suis bien amusé et, cette fois, c’est moi qui dépassais les morts. Ca me change de ma dernière expérience trail. Je boucle les 31km en 3h06, juste au-dessus des 6’/km.

Je garderai un bon souvenir de ce trail qui est bien organisé et qui nous permet de découvrir cette région via un très beau parcours, varié et bien signalé … Si je devais vraiment chipoter un peu, je dirais que c’est dommage qu’on soit tombé dans le trafic avec les concurrents du 20km. Mais c’est difficilement évitable lorsqu’on propose 4 distances différentes (9, 21, 31 et 42km).
Le lendemain matin, je dois me forcer à aller courir. Les jambes sont évidemment lourdes et l’envie pas énorme. Sortie « hamster » : Je prends la plus belle côte du coin (« Les Pèlerins » au Mont Saint-Aubert) et je m’élance pour la faire en principe 8x. La côte est répertoriée comme segment Strava (550 mètres, 83m D+, 15% de moyenne). Le matin, je me demandais comment j’allais la monter 5x … et finalement, je la monterai et descendrai 10x. Ce n’était pas simple mais … ça c’est fait !
Dernière ligne droite vers Bruxelles
Après ces 2 jours passés à casser de la fibre musculaire, j’ai mal partout et j’appréhende la suite. Pas de repos total cependant, je maintiens mes 3 sorties hebdomadaires mais elles seront très cools. L’objectif est de récupérer avant les 20km de Bruxelles mais aussi de pouvoir faire un temps au Jogging du Collège de Kain.
Cette course de 12km n’est pas simple. Avec deux belles petites bosses et la montée du Mont Saint-Aubert (encore lui) par le parcours-santé, ce n’est pas simple d’afficher une belle moyenne à l’arrivée. Pour ce faire, il n’y a pas le choix, il faut partir vite, trop vite. Je me retrouve rapidement dans un groupe beaucoup trop fort pour moi et je m’en fais tout aussi rapidement distancer. En chasse-patate, je cours donc seul. Dans les montées, les écarts s’accroissent. Je suis trop lourd pour ces portions. Mais je relance dès que c’est plat ou que ça descend. J’essaie de garder quand même des forces car la dernière montée est la plus dure et qu’il faudra faire les quatre derniers kilomètres à fond.
Cette montée dans les bois est interminable. Je la connais pourtant et elle me semble chaque fois un peu plus longue. En haut, je reprends rapidement mon souffle et me lance à tombeau ouvert dans la descente. Les quatre derniers kilomètres sont très rapides. Je donne tout et je finis la course en 4’08’’ de moyenne, mieux que prévu !
Il reste 9 jours avant Bruxelles. Mon épouse y participera pour la première fois. C’est sympa de préparer ça ensemble. Je n’ai plus l’impression de passer pour un fou. Les 3-4 derniers jours, on fait un peu plus attention à ce que l’on mange, ce que l’on boit … Je lui raconte cette course que je ne connais que trop bien. Son stress augmente. De mon côté, je sens plutôt serein et attends le Jour-J avec impatience …
La suite dans mon prochain article !
Quentin Degryse © RUNNINGGEEK.BE 2019