Nous vous avons déjà parlé de #Breaking2, la tentative de marathon sous les deux heures orchestrée par Nike sur le circuit automobile de Monza. Ce jour-là, le héros n’est pas vraiment Eliud Kipchoge, le meilleur marathonien de la planète, qui parcourra finalement les 42.195 mètres en 2:00:25. C’est plutôt la Nike Zoom VaporFly Elite, la chaussure développée pour l’occasion.

« Au-delà des limites » – photo : Pier Marco Tacca / Getty Images
Ses particularités : ZoomX, le matériau à la fois léger, amorti et réactif de la semelle, où se cache aussi une plaque en fibre de carbone censée maximiser la transmission d’énergie lors de chaque foulée. Une étude est parvenue à démontrer qu’il en résultait un gain d’efficacité de 4% par rapport aux Nike Zoom Streak 6 et Adidas Adios Boost 2, les précédentes références sur marathon.
Plusieurs victoires majeures sur marathon figurent déjà au palmarès de la VaporFly Elite. En un an à peine, Berlin, Londres (Kipchoge), Chicago (Rupp) ; chez les féminines, New York (Flanagan) et Boston (Kiplagat). Sans compter les succès engrangés par les athlètes Nike alors que la chaussure n’était qu’un prototype, et la fameuse plaque de carbone, un secret.
C’est dire si la VaporFly Elite est introuvable et s’arrache à prix d’or quand une paire fuite sur le marché de seconde main. Heureusement, Nike a tout prévu pour exploiter le retentissement de #Breaking2 auprès des marathoniens amateurs. Quelques semaines plus tard, la marque au swoosh commercialise deux déclinaisons grand public, la Nike Zoom Vaporfly 4% et la Nike Zoom Fly. Nous avons testé cette dernière.

De g. à dr. : Zoom VaporFly Elite, Zoom Vaporfly 4%, Zoom Fly et Zoom Pegasus 34 – photo : Nike
Fausse jumelle
Vendue initialement 150 euros, soit 100 de moins que la Zoom Vaporfly 4%, la Nike Zoom Fly fait l’économie de la semelle ZoomX et de la plaque en carbone. La semelle est en mousse Lunarlon, la plaque en nylon. La Zoom Fly n’hérite donc pas tout à fait de l’ADN de la Zoom VaporFly Elite, mais bien de sa géométrie et de son esthétique.
La forme de la semelle évoque, avec son talon effilé, la coque d’un navire ancien. On doit ce design original à la volonté de réduire la traînée aérodynamique. Sans doute quelques secondes gagnées pour Kipchoge mais, on le devine, l’influence sur la performance du coureur récréatif est marginale.

Le talon pointu de la Nike Zoom Fly – photo : Nike
Avec une hauteur de talon de 33mm (drop 10mm), la Nike Zoom Fly affiche un look maximaliste plutôt inhabituel pour une chaussure étiquetée « racing ». Toutefois, grâce à un poids contenu, 244g en pointure 43 (US 9.5), et au bon retour d’énergie, on verra que la Zoom Fly réussit la synthèse entre amorti et dynamisme.
Classée comme neutre, la Nike Zoom Fly convient à tous les types de foulée.
La chaussure testée est la Nike Zoom Fly M (homme) en coloris Séquoia / Olive du plus bel effet. De nouvelles couleurs sont attendues pour la fin de l’année.

La Zoom Fly Sequoia / Olive
Premiers pas
La Zoom Fly taille juste, entendez ni trop grand ni trop petit ; vous pouvez vous fier à votre pointure habituelle pour les chaussures de running. L’empeigne sans couture est très légère et aérée. Les lacets plats sont attachés à de petits filaments, les Flywire, qui offrent un bon maintien du pied.
Dès les premiers pas, une sensation surprenante de bascule vers l’avant. Cela se confirme dès les premières foulées. C’est le rôle de la plaque de nylon-carbone, « infusée » dans la semelle de la Zoom Fly, selon les termes de Nike. Un temps soupçonnée d’agir comme un ressort, procurant un avantage illégitime au coureur qui la porte, la plaque se comporte en réalité comme un levier assurant l’efficacité du mouvement. La courbe de la plaque empêche les orteils de se plier et ouvre l’angle du genou, deux facteurs qui contribuent à l’économie de course.
Après une première séance d’intervalles sur piste, j’ai hâte de pouvoir les essayer en course. La chaussure est très amortie, plus confortable qu’attendu, et promeut effectivement une foulée économe. À pleine vitesse, je me sens encore bien, avec le sentiment que, si je suis bridé, c’est par les jambes plus que par le cardio.
Courons sous la pluie
Il pleut lors de ma deuxième séance avec les Nike Zoom Fly. Malgré l’aspect « lisse » de la semelle, elles accrochent bien et ne glissent pas sur la route détrempée. Un bon point !
Par contre, le mesh léger protège très peu de l’humidité. Les chaussettes sont directement imbibées, ce qui laisse craindre l’apparition d’ampoules sur une sortie plus longue. J’imagine qu’en plein hiver, j’aurais aussi froid aux pieds …
Terrains variés
Lors des sorties suivantes, j’allonge la distance et teste des terrains variés. Par temps sec, la Nike Zoom Fly passe les pavés et même les chemins de terre battue. Mais ce n’est certainement pas la chaussure pour une course nature. Les graviers ont une fâcheuse tendance à se loger dans les alvéoles de la semelle. Tandis qu’il suffira d’un peu de boue laissée par un tracteur pour faire de la route une patinoire …

La semelle comporte des alvéoles où viennent se coincer les graviers – photo : Nike
Pas de problème en montée ni en descente. Sur un semi vallonné, toujours ce confort au fil des kilomètres et cette surprenante sensation de facilité, qui permet d’en garder sous la pédale pour accélérer durant les derniers kilomètres.
En course
Je teste la Nike Zoom Fly en course sur la Corrida de Dinant. Un 10km roulant, sur un parcours plat et entièrement asphalté. Sur son terrain de prédilection, la chaussure joue son rôle à la perfection. Elle se laisse oublier, présente dans les relances, sûre dans les virages. Les deux derniers kilomètres sont les plus rapides. Je n’avais plus couru aussi vite depuis longtemps.
Mais la chaussure n’est pas tout
Tempérons. Bien sûr, une chaussure ne remplace ni l’entraînement, ni le ravitaillement, ni le mental. Un testeur souligne même que, en-dessous de 4:20/km, la plaque pourrait être un handicap. J’en ai peut-être fait l’expérience sur le Semi de Namur, où la fatigue s’est faite sentir aux deux tiers de la course.
Conclusion
La Nike Zoom Fly est une chaussure performante, taillée pour la vitesse.
Elle est légère et confortable. Sa caractéristique la plus remarquable est l’aisance qu’elle procure durant l’effort. L’apparition de la fatigue est retardée. Des qualités qui, combinées à l’amorti, en font une chaussure de choix pour les courses urbaines : 10km, semi, voire marathon pour les meilleurs coureurs.
Cependant, la Nike Zoom Fly n’est pas très polyvalente. Ses caractéristiques en font une pure routière, guère à l’aise sur les sentiers. Fuyez boue et gravier. Le mesh aéré en fait plutôt une chaussure pour l’été. S’il est difficile de juger la durabilité de la Nike Zoom Fly après 100km d’essai, ces restrictions d’usage font que vous devriez la garder de nombreux mois, voire années.
Remerciement
Merci à Arnaud Martin, du magasin Urban Tri Sports à Bruxelles, qui nous a permis de tester la Nike Zoom Fly.
Jonathan Quique ©RUNNINGGEEK.BE 2018