20km de Bruxelles : pari gagné

Lorsque j’ai jeté mon dévolu sur le marathon de Namur, je l’ai justifié en supposant que la préparation spécifique et le pic de forme post-marathon pourraient me servir à vaincre la malédiction des 20 kilomètres de Bruxelles.

Comme pour les précédentes éditions depuis que je contribue au blog, je sors ma plus belle plume pour vous décrire mon ressenti. Retour sur un mois de mai riche en satisfactions.

Pic de forme

Après Namur, j’ai d’abord observé une brève période de repos, vraiment très brève, cinq jours sans enfiler les baskets. Néanmoins, contrairement à Francfort, il n’y avait rien de particulièrement sérieux au programme. J’ai donc repris calmement, me contentant de courir en totale aisance respiratoire (#ETAR et petit clin d’œil aux différents membres de l’équipe) pour maintenir la forme.

Le premier objectif avait lieu trois semaines après Namur, la Kainoise. Mais j’avais tout de même coché une autre course avant histoire de me tester et de me faire plaisir. C’était la première fois que j’avais l’occasion de participer au Jogging du Foyer à Roucourt, course que je savais rapide et favorable aux bons chronos. J’ai longtemps hésité entre la faire « cool » en prévision de la Kainoise qui avait lieu quatre jours plus tard et la faire à fond. Mais la tentation était trop forte … Depuis Blicquy (24/03), je n’ai plus couru sous les 5’. Ça me stressait un peu et c’était l’occasion de me défouler et de me rassurer avant Kain, quitte à y laisser des forces.

J’espérais faire un bon chrono et je n’ai pas été déçu. Je bats mon record de vitesse et boucle les 9,4 km en 4’11’’ de moyenne. Inutile de préciser que je ne regrette pas d’avoir choisi l’option offensive. Ça a clairement boosté ma confiance à l’approche de La Kainoise et de Bruxelles.

Photo : Stéphanie Martinache

La Kainoise

L’an passé, j’avais battu mon record sur semi à La Kainoise. Sur le dos de mon lièvre Kast, j’avais couru en 1h42. Pour avoir reconnu avec le parcours avec des membres du groupe Pascal Mercier, je savais que le parcours avait été modifié et même corsé. En effet, plutôt que de continuer sur la rue du Bourdeau, le nouveau parcours nous amène quasiment en haut du Mont St-Aubert en passant par un petit sentier. Sachant cela, j’aurais signé à deux mains pour un temps similaire … surtout que la veille, j’avais quelque peu relâché la pression lors d’une réunion de famille.

Je me lève difficilement le matin. Même en ayant fait attention, je me sens un peu vaseux et l’envie n’y est pas. En guise d’échauffement, je trottine de chez moi au Collège. Le grand air fait du bien. Je vois les amis et l’envie vient peu à peu. Après un faux départ un peu stressant qui m’a permis de me replacer sur la grille, je pars assez rapidement. J’avais quand même envie de faire mieux que l’an passé. Je table donc sur une moyenne de 4’45’’. Rapidement, je constate que nous allons plus vite que prévu. Je me retrouve au sein d’un bon petit groupe avec celles qui étaient alors 4ème et 5ème dames. La 3ème dame et le podium sont en ligne de mire. C’est plutôt grisant de participer à cette belle bataille. Je me prends au jeu, je reste avec et je donne un relais de temps en temps.

Photo : Stéphanie Martinache

Malgré les bosses, on passe les 10 kilomètres en 46’30’’. Peu après, je dois laisser filer une partie du groupe, notamment les troisième et quatrième dames, plus fortes. Mais nous sommes toujours cinq ou six et nous nous relayons régulièrement dans une portion face au vent qui nous amène au pied de l’ultime difficulté du parcours.

La montée de la Croix Jubaru commence. Ça fait mal mais j’ai l’avantage de connaître le parcours et d’y être passé quelques fois avec le groupe du mercredi. Je n’ai plus que deux personnes avec moi. Le reste a lâché. Au moment de tourner à droite dans le sentier, gros coup de bambou pour mes compagnons. Ils ne savaient pas que le parcours avait changé et ils prennent un coup au moral. Je les lâche également et remonte plusieurs personnes dans le même état, entre surprise, épuisement et agacement.

Un dernier ravito et c’est parti pour la descente. Le Chemin de la Folie, un peu trop pentu pour moi. Je n’ose pas me laisser aller. Mes genoux n’aiment pas beaucoup ça. Je laisse filer certains concurrents dans la descente. Je les reprendrai plus loin sur le plat. Quand je regarde ma montre, je crois halluciner. Je passe les 20km en 1h32 et des poussières. Je me sens encore bien et je suis galvanisé par la situation. J’accélère dans le pont. Je sais qu’en bas, on passe par une espèce de single-track où doubler est impossible. Je m’arrange pour passer devant et ainsi pouvoir garder mon propre rythme. Finalement, je boucle le semi en 01:37:23, soit 4’37’’/km. J’améliore donc mon précédent chrono de cinq minutes, sur un parcours plus compliqué. J’en crois à peine mes yeux.

20km de Bruxelles

Il y a deux semaines entre Kain et Bruxelles. J’entretiens ma condition avec trois sorties par semaine dont deux courses patronnées du challenge de l’ACRHO. Courses sur lesquelles j’ai essayé de m’économiser, pas forcément évident sur le terrain accidenté (mais plaisant) de l’Enfer de Collines que je découvrais pour la première fois.

Le 27 mai approche et j’entends les gens s’enthousiasmer. « Génial, on annonce plus de 25 degrés samedi et dimanche. » Mince, après l’édition 2017, c’est reparti pour une course en plein cagnard avec les recommandations d’usage et tous les bons conseils habituels « Ne visez pas un record par ce temps ». L’année passée, je m’étais un peu laissé abattre et inquiéter par toutes ces lectures. Cette année, je décide d’en faire fi et de tenter quand même ma chance. Je veux passer sous cette barre d’1h40.

Sur mes cinq précédents essais, deux courses m’avaient réellement laissé un goût amer. Hasard ou coïncidence, ce sont les deux fois où j’ai décidé de rallier Bruxelles le matin-même. Dès lors, je décide de m’incruster chez mon ami Louis et de dormir la veille à quelques hectomètres du Cinquantenaire. Je ne dramatise plus non plus sur mon alimentation et j’accepte sans broncher quelques Diôle devant la finale de Ligue des Champions. En gros, je fais totalement l’inverse de l’année passée.

Pour Namur et Kain, j’avais opté pour une part de GatoSport comme petit-déjeuner. On ne change pas une formule gagnante et je déjeunerai donc avec une part de ce gâteau énergétique et une banane. Ça se digère vraiment facilement. Je peux même me permettre de dormir une heure de plus et de déjeuner peu avant 8h. Je suis plutôt tranquille. Je papote avec Louis avant de regagner le Cinquantenaire à pied. Cela me permet de me réveiller musculairement et de m’échauffer un peu.

J’arrive dans le box n°2. Je fais semblant de voir quelqu’un que je connais devant pour me faufiler dans les premières rangées. Je veux éviter autant que possible les bouchons du début. 10h06, coup de feu, j’enclenche ma montre par réflexe alors que le départ réel ne se fait qu’au franchissement de la borne. En vitesse, j’efface mon activité de 2 secondes … et je me fais doubler par quelques opportunistes. Pour le départ tranquille, c’est loupé.

Commence ensuite la période la plus stressante de la course, les zigzags. Impossible de courir 50 mètres en ligne droite. Je double, saute sur un trottoir, reviens sur la route … je fais tout ce que je ne voulais pas faire, le nez plongé sur ma montre. Quel guignol ! Chaque année, je refais les mêmes erreurs. Je peste, je râle … Je suis quand même surpris par le nombre de personnes qui marchent dès les premiers hectomètres. Comment et pourquoi sont-ils dans le box n°1 ? Ça ne rend service à personne, ni à eux, ni à ceux qui doivent les dépasser.

Au milieu des immeubles, ma montre GPS est totalement à l’ouest, le comble. A la sortie des tunnels, je vois un panneau 5km … ma montre en indique 4,7. Qui croire ? Je commence déjà à calculer. Le retour de mes vieux démons. Mais soit, même si j’en crois ma montre, je suis quand même un peu en-dessous des 5’/km. Après mon résultat à Kain, j’étais on ne peut plus confiant et, pour moi, 1h40 était le strict minimum. Mais je ne me sens pas dans un grand jour, j’ai chaud et je suis déjà en train de me retourner le cerveau.

Au fil des kilomètres, j’arrive à me calmer. Je suis venu pour faire moins d’1h40 et pas pour faire 1h35. Je sais que j’ai le chrono dans les jambes et que, même si je pars trop vite, je ne devrais pas totalement caler comme l’année passée. Donc, je continue mon petit bonhomme de chemin, en essayant de rester sous les 5 minutes au kilomètre.

Je passe la borne des 10 kilomètres en-dessous de 47’30’’. Maintenant, c’est clair … Sauf grosse défaillance, je vais y arriver. Je me sens un peu plus serein. Depuis le début de la course, je n’ai jamais été dans le confort ou dans la gestion. Je ne me suis même jamais vraiment senti bien, à l’aise comme sur la Kainoise. Les jambes ne sont pas forcément aussi bonnes mais ça va le faire.

Après une descente qui fait du bien, nous arrivons dans la portion que j’aime le moins. Ces 4 kilomètres tout droit, monotones qui vous mènent à l’abattoir … euh à l’Avenue de Tervuren. J’ai du mal à garder à une allure constante. C’est le gros problème pour moi. Je n’ai aucun repère humain sur qui m’appuyer, pas de lièvre ou de connaissance qui peuvent m’indiquer un rythme que je sais le bon. Je n’ai pas la possibilité de me mettre en pilote automatique et de me dire « celui-là, je le suis et c’est lui qui décide de l’allure ». Je dois donc rester concentré et essayer de maintenir une allure constante. C’est fatiguant et usant.

Nous arrivons tout doucement vers la grosse difficulté du parcours. Je sais que je vais perdre du temps sur ma moyenne mais comme les 1h40 sont acquis, je ne me tracasse pas trop. Je monte à un bon rythme sans me mettre trop dans le rouge. Je vois des gens assis, parfois couchés sur les trottoirs. Les organismes sont éprouvés par l’effort, par la chaleur. Certains titubent. Je me sens relativement bien quand je vois l’ampleur des dégâts. Il reste moins de 2 kilomètres, j’essaie de relancer. 1h38 ou 1h37, je ne sais pas trop ce que ça donnera. Je lâche un peu la montre pour profiter des encouragements.

Je suis content d’arriver au bout. J’aperçois les Arcades du Cinquantenaire et je donne tout ce qu’il me reste pour les 500 derniers mètres. Un petit coucou (cœur avec les doigts) à la caméra et je stoppe mon chrono à 01:36:02. Quand je repense à mon début de course, jamais je n’aurais cru atteindre ce chrono. Je suis pleinement satisfait.

Photo : Sportograf

Pari gagné

Cette préparation marathon aura vraiment été bénéfique. En l’espace de quelques semaines, j’ai amélioré mes records personnels sur 10km, semi et sur ces foutus 20km de Bruxelles. J’ai également bien fait de rejoindre le groupe Pascal Mercier. Ces sorties hebdomadaires en groupe m’apportent beaucoup. Je profite de ce billet pour les remercier.

La suite, c’est un bel enchaînement de challenges sur l’ACRHO, quatre sur le mois de juin. J’espère avoir encore les jambes pour faire de belles choses et prendre un maximum de points dans l’optique du classement général.

Si tout se passe bien, je comptabiliserai déjà près de 1.000 kilomètres en six mois (contre 1.250 sur toute l’année 2017 et 850 en 2016). Je n’aurai vraiment pas ménagé mes efforts pour atteindre ces différents objectifs. Début juillet, j’accompagnerai en principe un ami sur les Crêtes de l’Eau Noire (33km) et puis, il sera temps de faire une petite pause aussi méritée que nécessaire. J’ai prévu de lâcher les baskets pendant une dizaine de jours.

Ensuite, je me remettrai en selle avec le classement général de l’ACRHO dans le viseur. J’aurai peut-être besoin d’un nouvel objectif durant l’automne pour garder cette envie et cette motivation qui m’ont animé durant le printemps. Pourquoi pas le semi-marathon de Bruxelles ? Il me reste de nombreuses semaines pour y réfléchir. Il sera également temps de profiter de mon autre passion, le football, et de supporter nos valeureux Diables Rouges cet été !

A bientôt,

Quentin Degryse © RUNNINGGEEK.BE 2018

Une réflexion sur “20km de Bruxelles : pari gagné

  1. Félicitations !
    Concernant les sas de départ, j’ai pu démarrer cette année du box 1, et j’ai nettement vu la différence par rapport aux années précédentes où j’étais parti des sas 5 et 6 : moins de slalom, moins de relances, etc… Ca bouchonnait encore un peu à l’entrée du bois de la Cambre, mais après, c’était une véritable autoroute.
    Et effectivement, dès les premiers mètres de la course, j’ai vu des personnes qui marchaient. Mais je pense que ce sont des VIP’s (personnes qui ont participé à toutes les éditions des 20km) qu’on honore en les faisant démarrer du box 1.

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