Cinquante jours ont passé depuis mon dernier article. Ce qui n’était encore qu’un objectif lointain, se précise petit à petit. À sept semaines de la première édition du Marathon de Namur, il est l’heure de faire un petit point sur ma préparation et mon état de forme.
Préparation
Ce que je craignais le plus pour ce marathon printanier, c’est la préparation hivernale. Face au vortex polaire, il faut quand même du courage pour sortir les baskets et affronter ce vent piquant venu tout droit de Sibérie. Pour le moment, la motivation est bien là et j’arrive à respecter mon objectif des 40-45 kilomètres par semaine. Pas énorme diront les vrais fous du running, bien assez dira le jeune papa que je suis.
Pour allier l’utile à l’agréable, j’ai rejoint le Groupe Pascal Mercier, bien connu dans la région. Le temps passe plus vite en agréable compagnie et cela me permet d’accumuler les kilomètres. Dans ce groupe bien sympathique, les coureurs ont un très bon niveau et je dois parfois m’accrocher pour rester au contact, sur des distances allant de 12 à 15km. Maintenir une bonne allure tout en discutant n’est pas si simple. À terme, ces sorties devraient m’être bénéfiques, surtout pour les courses plus longues (20km ou semi). De plus, je peux compter sur les conseils précieux de ces coureurs expérimentés.
ACRHO Bury : Test 10km
Le week-end passé, c’était la première manche « challenge » de l’ACRHO, l’occasion idéale de se tester sur un 10km assez rapide.
Comme toujours sur les challenges, les coureurs ont des fourmis dans les jambes et le peloton part à toute vitesse, bien aidé par un vent alors favorable. Avant la course, je visais une moyenne de 4’25’’. Les premiers kilomètres se font un peu en-dessous des 4’20’’.
Au 6ème kilomètre, en descendant du pont, le vent nous fait face. J’accuse un peu le coup. J’essaye de rester au contact d’un petit groupe, dans lequel se trouve Mathieu, un coureur avec qui j’ai souvent la chance de « bagarrer ». Après le ravito, je perds Mathieu de vue, pas pour longtemps. Cela va un peu mieux et je relance dans une portion plus favorable.
S’en suivent 2 kilomètres compliqués. À commencer par cette traversée des champs où je me retrouve seul avec le vent en pleine face. À 1;500 mètres de l’arrivée, Mathieu revient sur moi. On se relaye comme on peut. Dernier virage sur la gauche, il reste 500 mètres, je donne tout ce qu’il me reste. 45’14’’ au chrono final, 4’20’’ de moyenne. Un chrono qui fait plaisir (2’30’’ de mieux qu’en 2017) et qui me rassure sur ma condition.
Flowtrail
Le lendemain matin, -3°C (-10°C en température ressentie d’après Google), c’est sûr, j’ai vraiment envie d’aller courir. Pas le choix (#PLC), je suis inscrit sur les 15km du Flowtrail avec Johan. Nous avons tous les deux couru la veille, sans se préserver. Les jambes sont un peu lourdes. On se blottit au milieu du peloton pour se protéger du vent toujours aussi piquant. Nous partons prudemment. Les 2-3 premiers kilomètres sont assez étroits, c’est compliqué de dépasser. Ça monte, ça descend sur un terrain complètement gelé. Vu notre position au départ, nous perdons un peu temps. Rien de bien grave, nous partons sans autre ambition que de passer un bon moment.

Quentin et Johan au Flowtrail – photo : Fabrice Lefevre
En sortant de la Sablière de Maubray, le chemin s’élargit. Le terrain est plat, nous accélérons quelque peu. Au fur et à mesure, nous remontons plusieurs duos. Nous gardons un rythme régulier. Nous parcourons les 7 prochains kilomètres en moins de 35 minutes, le tout en discutant.
L’organisation nous propose un ravito au 10ème kilomètre. Nous ne nous faisons pas prier. Un bout de banane, un biscuit (devenu dur comme glace) et une boisson sucrée bien fraîche. Après ce ravito, nous repartons dans un léger faux plat.
Après 11 kilomètres impeccables, premier couac. Nous devons franchir un petit ruisseau. L’organisation a placé deux petits rondins de bois pour aider les coureurs à passer mais un gros bouchon se forme. Les coureurs lancés sur les 7 kilomètres nous ont rejoint sur le parcours. Cela fait beaucoup de monde pour emprunter ce petit passage. Bien élevés, nous faisons la file. Une quinzaine de personnes doivent encore passer quand d’autres duos continuent d’arriver. Certains moins patients, pressés de déguster une Diôle peut-être, court-circuitent la file et dépassent sans demander leur reste. C’est quelque peu frustrant de voir toutes ces personnes que nous avons dépassées sur le plat, nous repasser devant. Des aimables personnes nous laissent passer. Johan traverse le premier, file un coup de main à une demoiselle en détresse et je passe à mon tour.
Frustrés, nous sommes bien décidés à revenir sur ces duos qui ont profité des évènements pour nous doubler. On relance mais le chemin est à nouveau étroit. Quelques hectomètres plus loin, deuxième bouchon, petit vent de panique, tout le monde se regarde, nous ne trouvons plus notre chemin. Après quelques hésitations, le peloton repart et nous prenons le pas. De nouveau, le chemin est plutôt étroit, nous sommes pris dans le trafic, nous devons prendre notre mal en patience. Johan parvient toutefois à se faufiler, j’essaie de lui suivre au risque de me frotter de trop près aux ronces délimitant le chemin.
Une fois que le chemin s’élargit, nous relançons une nouvelle fois. Il reste 2,5 kilomètres. Les jambes commencent à être lourdes. Nous avons des duos en point de mire, cela nous motive, nous allons en rechercher un premier, puis un deuxième. Dans une dernière montée qui fera souffrir nos fragiles cuissots, nous rejoignons un nouveau duo. Dans la dernière ligne droite, avec l’aérodrome en point de mire, nous les dépassons. Nous allons encore chatouiller les talons d’un autre duo, en vain.
Nous franchissons le portique, 1h24. Elle est faite. Nous sommes vraiment contents. Nous découvrons un joli buffet sucré-salé qui tombe à point nommé après ces 90 minutes passées dehors. Ensuite, nous rejoignons un autre hangar pour faire honneur à notre fidèle sponsor. Nous découvrons à l’écran que nous finissons à une jolie 18ème place (corrigée en 19ème le lendemain) sur les 109 duos inscrits sur le 15km. Un top 20, la cerise sur le gâteau.
Nous débriefons autour d’une bonne Diôle. Les deux bouchons successifs juste avant un passage étroit sont peut-être le seul petit défaut que j’ai trouvé à ce trail. Mais cela ne peut être imputé aux organisateurs. Ce trail nous a vraiment bien plu et il y a de fortes chances que nous y participions également l’année prochaine (l’organisation a confirmé la tenue d’une 3ème édition). Le fait de courir en duo est vraiment très agréable. C’est une source de motivation supplémentaire, pas négligeable dans ces efforts hivernaux. Félicitations et merci aux organisateurs !
What’s next?
Après ce week-end intense, retour à la normale et à l’entraînement. Les semaines passent et il va falloir tout doucement penser à allonger la distance. De délicieuses sorties longues m’attendent et sont programmées dans les semaines à venir. J’espère que le climat sera un peu plus doux pour ces grands moments de solitude.

Les risques du métier …
J’avais repris Les Crêtes de Spa dans mon programme de 2018. Mais plus les jours passent, plus j’hésite. Je suis partagé entre deux sentiments. D’un côté, l’évidente envie et excitation de participer à un trail réputé du paysage sportif belge. D’un autre, la peur. La peur du dénivelé, d’un effort trop intense un mois avant Namur et la peur de se blesser. Le Flowtrail m’a rappelé que le risque de blessure est plus élevé sur les trails et qu’une erreur de distraction (ou un manque de lucidité) peut rapidement vous coûter une cheville. Pour le moment, c’est la peur (ou la prudence) qui l’emporte. Je pense me montrer raisonnable. Les Crêtes de Spa seront toujours là les années suivantes.
Et puis, si je déclare forfait pour Spa, ce sera l’occasion d’aller grappiller quelques points du côté de Blicquy … où j’ai une revanche à prendre. L’ACRHO, toujours l’ACRHO.
Quentin Degryse © RUNNINGGEEK.BE 2018