TCS Amsterdam Marathon 2017

Le 15 octobre 2017, 6 heures du matin, je me réveille. Il fait encore nuit et le ciel dégagé laisse apparaître la voûte céleste constellée d’étoiles. Ma nuit a été agitée et peu réparatrice, faute en partie à la promiscuité des chambres du camping ‘Zeeburg’, et en partie au fait qu’il s’agit du jour du départ du tant attendu Marathon d’Amsterdam, mon tout premier marathon.

Mes « colocataires », amis du Groupe Athlétique de Gembloux (GaG), se réveillent également et nous prenons le petit-déjeuner que nous avons nous-mêmes apportés. Pour moi, cela sera des biscuits Belvita, une banane et un café.

Je revêts ensuite mes habits de course et un vieux pull, qui sera récupéré après le départ par l’organisation, et me voilà fin prêt à rejoindre la navette qui me déposera près du Stade Olympique d’Amsterdam, lieu de départ des hostilités.

L’air est frais à cette heure matinale mais cela ne durera pas. Les températures prévues pour la journée sont de l’ordre de vingt-trois degrés, accompagnées d’un soleil non dissimulé par des nuages. Cela risque même d’être un peu chaud pour la course, ce qui se vérifiera.

Vers 8h30, notre petit groupe arrive au Stade Olympique. Je dépose mon sac à la consigne, attache le dossard (que nous avons récupéré la veille à l’Expo Marathon) à ma ceinture, resserre les lacets de mes chaussures. Direction l’entrée du stade, où se presse une foule compacte qui passe au compte-goutte devant les gardes de sécurité, vérifiant que nous sommes en possession du précieux sésame.

Le stade, bien achalandé, est divisé en sept blocs ; chaque bloc ayant un temps estimé de réalisation du marathon différent :

Les pros (sans couleur) ;
A. < 2h40 (blanc) ;
B. Entre 2h40 et 3h00 (jaune) ;
C. Entre 3h00 et 3h30 (rose) ;
D. Entre 3h30 et 4h00 (orange) ;
E. Entre 4h00 et 4h30 (vert) ;
F. > 4h30 (bleu).

Je me dirige vers le bloc orange (D), ayant indiqué lors de mon inscription un temps espéré de réalisation de 4 heures (évalué lors du test VMA réalisé quelques semaines plus tôt).

5 minutes ! 😬😬😂#tcsam17 #TCSsuperheroes

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Nous sommes à quelques minutes du départ, l’hélicoptère de la télévision tournoie au-dessus de nos têtes, les écrans géants nous retransmettant en direct les images filmées. Le « chauffeur de salle » attise l’ambiance et annonce les minutes nous séparant du départ. Une minute d’applaudissements est observée pour le Maire d’Amsterdam, Eberhard van der Laan, décédé le 5 octobre.

Le départ est lancé. Les premiers coureurs professionnels s’élancent, suivis immédiatement des coureurs du bloc A. À Amsterdam, le départ est commun pour tous les blocs, le temps de course démarrant lors du passage du portique. Le temps que la masse compacte démarre et que ce soit à mon tour de m’élancer, 5 bonnes minutes se sont déjà écoulées alors que les premiers coureurs ont déjà parcouru près de 3 kilomètres avec une aisance impressionnante pour l’allure.

Je commence à trottiner et je passe le portique. J’active ma montre GPS et ma course commence. Deux-cents mètres plus loin, je sors du Stade Olympique en direction du Vondelpark, sous les encouragements des nombreux spectateurs massés derrière les barrières de sécurité. J’entame mon marathon à une allure comprise entre 5 min 20 et 5 min 30 par kilomètre, un soupçon plus rapide que mon allure théorique préconisée de 5 min 37. Les sensations sont excellentes, il fait beau et la diminution du taux d’entraînement des derniers jours a été bénéfique.

Ma conscience me dit de ralentir l’allure mais mes jambes en décident autrement. Je maintiens le cap. Je sors du Vondelpark, je tourne sur ma droite et passe au travers du Rijksmuseum. J’ai juste le temps de m’en rendre compte que j’en ressort déjà. Ce qui était un des points d’intérêt du marathon d’après les organisateurs n’était pas aussi pittoresque qu’annoncé. Je n’ai pas pu profiter de l’architecture du bâtiment, puisque la façade était dans mon dos à la sortie du musée.

Les cinq premiers kilomètres sont avalés sans soucis et le premier ravitaillement est en vue. Au menu, un gobelet d’Isostar. J’en profite pour avaler mon premier gel énergisant. Tout va bien.

Au treizième kilomètre, je m’atèle à respecter mon allure théorique marathon, alors que j’approche du fleuve Amstel. Lors de mon étude du parcours, cette étape longue d’un peu plus de douze kilomètres devait également être la plus ennuyeuse et monotone, parce qu’éloignée du centre-ville et de ses supporters. Les organisateurs ont néanmoins fait le maximum pour rendre cette partie plus attractive. Des péniches sillonnent le fleuve avec à leur bord des groupes musicaux nous faisant profiter d’une musique live, des jet-skis et des « fly-boarders » (sortent de planches de skateboard propulsées dans les airs par des jets d’eau ) nous divertissent. L’animation est au rendez-vous, mais ces douze kilomètres sont longs, d’autant plus que psychologiquement, je vois les coureurs terminant cette étape sur la rive opposée.

C’est aussi le moment où je passe la barre symbolique du semi-marathon. L’allure est toujours bonne, les sensations aussi, tout va bien. Je termine mon semi-marathon en 1 heure 57 minutes, mon record personnel sur cette distance. Une pause pour arrêt sanitaire et me voilà reparti.

Entre le vingt-sixième et le vingt-septième kilomètre, je suis victime de points de côtés. D’abord sur le flanc droit, ensuite sur le gauche et pour finir sur les deux côtés en même temps. Je suis obligé de ralentir l’allure, je cours plié en deux en respirant profondément et lentement dans l’espoir qu’ils me quittent rapidement. Par chance, aux alentours du vingt-huitième kilomètre, ils me quittent et je peux reprendre mon allure théorique.

Le trentième kilomètre est là. Le point tant redouté par les marathoniens, le mur. C’est le moment où les réserves d’énergie sont au plus bas et où beaucoup d’entre nous commencent à marcher, bien souvent à cause d’une mauvaise gestion de l’allure sur la première partie de la course. Je ne suis pas victime de ce soucis, mais au trente-deuxième kilomètre, mes points de côté refont leur apparition. J’aurai difficile à m’en séparer cette fois-ci. Ils disparaissent et réapparaissent au même rythme que j’alterne marche et course … Cela devient long, physiquement et psychologiquement. Petit-à-petit, mon objectif des 4 heures pour boucler le marathon s’éloigne. Je m’attèle néanmoins à ne pas trop perdre de temps lors de mes séquences de marche.

Il est maintenant environ 13 heures. Le soleil tape, il fait chaud. Je ne rate aucun ravitaillement et en profite pour m’asperger d’eau à chacun de ceux-ci. Je coince une éponge mouillée dans mon t-shirt au niveau de la nuque pour me rafraichir. Les gobelets d’Isostar et les gels énergisant ne passent plus. Deux gobelets d’eau à chaque ravitaillement me sont nécessaires.

Trente-septième kilomètre. Plus que cinq, mais les plus longs jamais réalisés. Cette fois je n’évite pas le mur. Mes cuisses et mes mollets sont tétanisés et chaque pas devient une véritable lutte. Courir jusqu’à la ligne d’arrivée ne sera plus possible. Mentalement, je me bats pour tenir un kilomètre en courant et quelques dizaines de mètres en marchant. Mon allure moyenne chute pour se stabiliser à 7 minutes par kilomètre. Je vois sur les bas-côtés de la chaussée de plus en plus de coureurs dans les mains des secouristes, pour des crampes et parfois pour des soucis plus importants. J’ai la chance de ne pas faire partie de ceux-ci. Je continue ma course tant bien que mal.

Le Vondelpark refait son apparition, plus que deux kilomètres. Je ne profite plus des paysages urbains. Mon attention ne se porte plus que sur le prochain ravitaillement, le dernier. Il me parait tellement loin. J’ai chaud, j’ai soif, j’ai mal aux jambes. Vite que cela s’arrête.

Dernière ligne droite, j’aperçois le Stade Olympique. Coup de boost au moral, mais pas au physique. Je ne parviens pas à accélérer mais je ne m’arrête plus de courir. Le public est bien présent et contribue à donner les dernières forces pour terminer. J’entre dans le stade, 200 mètres encore, 150, 100. La ligne d’arrivée, enfin !

Je suis tellement fatigué que je ne crois même pas avoir souri en la franchissant. Quelques minutes me sont nécessaires avant de réellement réaliser que ça y est, je fais maintenant partie du cercle fermé des marathoniens.

La médaille du Marathon d'Amsterdam 2017

Photo : @laurent.dedeken, sur Instagram

Kudos et remerciements :

  • Jonathan, de m’avoir remis le pied à l’étrier après mon arrêt de presque 6 mois en course à pied ;
  • Frédéric, ZE Coach, de nous avoir suivi tout au long de la préparation en nous prodiguant plan d’entraînement, conseils et encouragements ;
  • le GaG (Groupe athéltique de Gembloux) de nous permettre d’atteindre de tels objectifs encore impensables pour moi il y a 2 ans ;
  • la cellule Marathon du GaG, pour l’organisation sans faille de cette sortie internationale ;
  • mes compagnons du GaG pour leurs exploits sur la course (semi et marathon), leur bonne humeur et l’ambiance festive qu’ils ont contribué à faire régner tout le week-end ;
  • mes supporters de toutes parts (famille, amis, followers Twitter & Instagram,…) pour vos encouragements et vos félicitations ;
  • Myriam, pour avoir accueilli la soirée post-marathon « pizzas, chips, sucreries et alcools » le 18/10.

Mon TCS Amsterdam Marathon, c’était aussi :

  • un temps de réalisation de 4:12:22 (6613ème/11.435) ;
  • 83 entraînements répartis sur 21 semaines ;
  • 105 heures 59 minutes et 26 secondes d’entraînement ;
  • 1.199 kilomètres parcourus en course à pied et à vélo ;
  • une allure moyenne d’entraînement de 6 min. 25 / km ;
  • un dénivelé positif total de 9.115 mètres ;
  • 66.331 calories brûlées (10 kg perdus).

Laurent De Deken ©RUNNINGGEEK.BE 2017

6 réflexions sur “TCS Amsterdam Marathon 2017

  1. Très beau compte rendu, j’y étais aussi pour mon second marathon accompagné d’un ami qui réalisait son 1er et d’ailleurs nous pourrions écrire presque la même histoire sauf que nous souffrions de crampes au lieu de points de côté mais le principal est de parvenir à se surpasser dans ce cas précis. Bravo à toi et bienvenu chez Les marathoniens. Guillaume

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