Les 20 km par Quentin : « May the 29th, a big day-sillusion »

Améliorer son meilleur temps et être déçu, cela peut sembler paradoxal mais c’était bien mon état d’esprit à l’issue de cette édition 2016 des 20 kilomètres de Bruxelles. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive (cfr. ma déception toute relative à Valence) et cela m’invitera peut-être à reconsidérer la course à pied et mes objectifs futurs.

Actuellement, je ne peux m’élancer sur une course sans me fixer un objectif chiffré mais, à l’heure des bilans, je reste souvent sur ma faim. Cette obsession du chrono, cette manie de tout calculer durant la course … me fait oublier le principal, la prise de plaisir. Je cours, avant tout, pour mon plaisir et, dimanche, je n’en ai éprouvé aucun.

Sûr de moi, trop sûr de moi, je me voyais boucler les 20km en 1h40 comme annoncé en début d’année. Je rêvais même secrètement de passer sous 1h39. Mais, une fois la course lancée, ce fut une toute autre histoire.

Récit d'une course "montre en main"

Récit d’une course « montre en main »

Tout avait pourtant bien commencé. Levé à 6h50, petit-déj à 7h10 avec mon ami Louis, dossard retiré en temps et en heure, sac déposé dans un vestiaire surveillé … tout se déroulait parfaitement bien. Ce sont des détails mais cela évite de s’énerver et de perdre de l’influx inutilement avant la course. Rendez-vous avec les copains à 9h40, tout le monde est là (ou presque) et on se dirige tous dans le box n°2. Sûr de mon coup, je propose même de servir de lièvre pour arriver en 1h40 (#fail) … Au petit-déjeuner, j’avais également proposé à Louis de courir ensemble pour qu’il puisse se rapprocher d’1h40 (#fail²) mais celui-ci préférait partir à son rythme, plus lentement en espérant garder du jus pour l’Avenue de Tervueren et le final.

Alors qu’on se dirige vers la première borne et donc le grand départ, premier hic ! Ma montre perd le signal. Je fais machine arrière et laisse filer les copains et la horde de runners. J’attends patiemment (pas vraiment patiemment en fait) que le satellite nous retrouve avant de m’élancer à mon tour.

Soucieux de retrouver les copains (qui auraient pu me servir de repère), je pars vite, sans doute trop vite. Je continue à chercher à gauche, à droite … Je reprends Kaïs après 2,5km, Aloïs, Baptiste et Lena après 3,5km. Mais je me demande où sont les autres, ceux qui visent également 1h40, voire 1h42 … Cela m’inquiète et me perturbe assez longuement. Ma montre, encore elle, me perd totalement dans le premier tunnel. Je ne me fie donc plus trop à la distance qu’elle m’indique et je me contente donc du chrono et des banderoles indicatives prévues par l’organisation.

L’objectif était de partir en 5’/km, ce qui ne devait a priori pas me mettre trop en difficulté. Si j’étais à l’avance après 3km, j’avais perdu quelques précieuses secondes dans les tunnels (25’23’’ au 5ème km). Commence alors cette fixette sur le chrono. Plutôt que de profiter de l’instant et de courir paisiblement, je me braque là-dessus et me pose plein de questions, je me torture l’esprit par des calculs inutiles …

Les premiers kilomètres passent et je ne me sens pas vraiment bien. Je n’arrive pas à relancer dès qu’un faux plat se présente. Un « jour sans » ou l’angoisse de l’échec ? Un peu des deux, certainement. C’est la quatrième fois que je participe aux 20km de Bruxelles et jamais les 10 premiers kilomètres ne m’ont semblé si difficiles. Le soleil n’est pas de la partie mais il fait lourd.

Arrive alors la partie la plus favorable du parcours, entre le 12ème et le 16ème kilomètre. Dès que la route descend un peu, je retrouve le sourire … grâce à ma montre (sic). Je suis légèrement sous les 5’/km et commence à y croire, de nouveau. Je dépasse Sophie, une amie qui est en train de réaliser une énorme performance. Mais quelques hectomètres plus loin, au moment de virer à gauche sur l’Avenue de Tervueren, les jambes s’alourdissent et je vois que Sophie est revenue à l’aise dans mon sillage. Elle me filera un précieux coup de main dans la montée de Tervueren. A l’aise dans la côte, elle prend le relais tout en m’encourageant. J’essaye de rester dans sa foulée mais Tervueren me fait mal, très mal.

Une fois la montée finie, là où je pensais pouvoir accélérer, je garde difficilement la « roue » de Sophie et je suis obligé de la laisser filer. Elle ne le sait pas mais elle vient de me mettre une fameuse claque, quelle leçon ! Son mental m’impressionne. Je finis donc seul au milieu d’une centaine de coureurs. Je donne tout ce qu’il me reste, trop peu à mon goût, pour essayer de finir sous 1h42. Le dernier kilomètre est pénible. Dans une allée plus étroite, il faut slalomer entre les coureurs, parfois sauter sur le trottoir pour éviter un coureur en difficulté. Je m’arrache pour finir en 1h42 … et 9 secondes (#fail³).

Rendez-vous le 28 mai 2017 !

Rendez-vous le 28 mai 2017 !

Déçu, je me traîne jusqu’au ravitaillement, en évitant les corps éparpillés sur la route. Je suis, comme chaque année, surpris par l’état de santé de certains participants. Je suis déçu de mon temps mais satisfait et rassuré de finir dans un état stable.

Les minutes et heures qui suivent sont consacrées à la récupération et au réconfort. On débriefe nos courses avec les copains, autour d’un bon verre et d’un joli buffet. J’apprends que Louis, l’ami chez qui j’ai dormi la veille et à qui j’avais proposé mon aide pour la course, m’a battu de 30 secondes (sic). Sa stratégie a donc été meilleure que la mienne. Chapeau l’ami !!! Je me rends compte que les personnes les plus satisfaites de leur performance, sont celles qui sont parties sans se mettre de pression. A l’avenir, il ne tient qu’à moi d’appréhender une course de manière plus détachée … Plus facile à dire qu’à faire, car cela ne colle pas vraiment avec mon caractère et ma vision du sport en général.

Ce récit un peu long peut également vous servir de leçon. Il est certes important de se fixer des objectifs pour progresser mais n’oubliez jamais de prendre du plaisir !!! Rien ne garantit que vous soyez dans un bon jour. Il se peut que, pour une raison ou une autre, vous vous rendiez compte assez vite que l’objectif fixé ne sera pas accessible. Cela peut vous saper le moral et entraîner une vraie déconvenue. Prévoyez donc un plan B, un objectif secondaire. Je visais 1h40. Une fois résigné et convaincu que l’objectif ne serait pas atteint, j’ai décidé de me rabattre sur un autre objectif, à savoir battre mon précédent record (1h43). Enfin, n’oubliez pas de tirer des leçons de vos courses. A froid, vous pouvez tirer certaines conclusions sur votre gestion de la course ou sur votre préparation. Pensez-y et tâchez de ne pas reproduire les mêmes erreurs la prochaine fois.

Quant à toi, Avenue de Tervueren, on se reverra très certainement dans 12 mois et je n’ai pas dit mon dernier mot ! 😉

Quentin Degryse ©RunningGeek.be 2016

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