Ce dimanche, la RTBF évoquait dans son J.T. une expérience française qui a fait grand bruit au début du mois de mai, lorsqu’elle a été révélée au grand public par France 2.
Le casting : 8 athlètes qui, durant 29 jours consécutifs, ont suivi un protocole de dopage encadré par Pierre Sallet, figure de proue de la … lutte anti-dopage à l’échelle hexagonale et mondiale.
Jour 1, les cobayes passent une batterie de tests à l’effort, dont les résultats seront comparés à ceux des épreuves passées à la fin de l’expérience, après un mois de dopage.
Au jour 2, on prélève 250 ml de sang à chacun pour réaliser une auto-transfusion 18 jours plus tard.
E.P.O. et hormones de croissance sont ensuite administrées sur base quotidienne, à une dose ‘minime’. Un des objectifs de l’étude sera de déterminer si cette dose permet de mesurer un effet sur les performances sportives, tout en restant dans les limites des valeurs acceptées dans le cadre du suivi longitudinal.
Au Jour 8, Cédric Fleureton, ancien triathlète de haut niveau (deux fois vice-champion d’Europe) et champion de France de trail, retrouve ses sensations habituelles à l’entraînement. Il ne note pas d’amélioration de ses performances.
Guillaume Antonietti, un autre participant, semble par contre traverser une période d’euphorie. Dès les premiers jours, il gagnait 10 minutes sur son parcours d’entraînement habituel de 24 kilomètres. Il confesse une énergie décuplée dès les petites heures du matin et une agressivité inhabituelle.
La pochette de sang prélevée à chacun est restituée au 20ème jour. Qui dit apport en sang dit plus de globules rouges, donc une meilleure oxygénation des tissus.
Vient le temps des tests finaux. Au test d’effort, la progression moyenne est de 6,1 %. Sur le contre-la-montre (14 minutes à vélo), l’amélioration est de 2,3 % ; « comme si le 22ème du dernier championnat du monde de la discipline terminait 1er ». Enfin, sur le 3.000 m en salle, la progression moyenne est de 2.8 %, avec un gain maximal de 31 sec.
Pendant ce temps, les valeurs relevées dans le passeport biologique de Pierre Sallet, qui a aussi participé au protocole en tant qu’athlète, sont restées normales. Ce qui signifie : pas de procédure, pas de suspicion. Il est ‘propre’.
Si une telle étude a toute sa légitimité (le suivi longitudinal doit évoluer), son traitement médiatique laisse planer de dangereux sous-entendus.
« Le dopage, c’est sûr » : l’expérience ne faisait appel qu’à des micro-doses, administrées par des médecins ; « le dopage, c’est facile » : des athlètes de plus de 40 ans, en phase de désentraînement, on progressé de manière spectaculaire en à peine 3 semaines ; « le dopage, ça marche » …
Il faut recommander à tout sportif qui serait tenté d’emprunter ce raccourci la lecture de « Dopage » (2014, édition La Boîte à Pandore, Paris), une synthèse d’une rare qualité signée Gilles Goetghebuer.

Dopage, aux éditions La Boîte à Pandore
L’ouvrage fait le point sur les motivations (pas nécessairement financières) qui poussent au dopage, s’intéresse aux méthodes employées et présente les moyens de la lutte. Mais s’attarde aussi sur les effets secondaires, parfois gravissimes : maladies métaboliques, cancer, dépression, toxicomanie …
Avant d’en arriver là, sachez que, pour l’anecdote, j’ai gagné, en une semaine, 8 minutes sur la distance du semi-marathon courue à l’entraînement. On n’est pas si loin des progrès dont s’émerveillait Guillaume Antonietti (voir ci-dessus). Simplement en suivant mon plan d’entraînement à raison de 3 séances par semaine et en surveillant mon alimentation : plus de fruits, de légumes, moins d’alcool, de viande et de produits laitiers. La vie saine, ça marche aussi !
Jonathan Quique ©RunningGeek.be 2015
Lire aussi