Kílian Jornet pour une identification claire de la difficulté des trails

Kilian Jornet, c’est « l’ultra-terrestre » qu’on ne présente plus. Détenteur des records d’ascension du Mont Blanc et du McKinley, vainqueur à 3 reprises de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, multiple médaillé d’Or aux Championnats du monde de ski-alpinisme, le Catalan évolue aux frontières de l’extrême en ski, alpinisme et course de montagne.

Ce lundi 6 avril, Kilian Jornet exposait dans un post Facebook son dernier projet : la création d’un label indiquant au sportif le bagage technique recommandé pour prendre le départ d’un trail.

Kilian Jornet propose un Le fondement de la démarche est le suivant : la distance et le dénivelé ne constituent pas, à eux seuls, des indicateurs suffisants pour estimer les efforts à déployer pour venir à bout d’une course. Terminer à l’aise une course de 80 kilomètres ou pouvoir gravir un dénivelé positif de 4.000 mètres ne présage en rien de vos capacités à affronter une course de haute montagne comme le Trofeo Kima.

Jornet défend une classification des trails selon 3 critères :

  1. la distance, de court (max. 15 km / 1h) à ultra-long (au-delà de 100 km / 16h) ;
  2. le dénivelé positif et, éventuellement, négatif (pour les courses en ligne)  ;
  3. la difficulté technique et l’exposition aux risques, sur une échelle de I à V.

L’échelle de difficulté, détaillée dans un article sur alpinrunning.org, est directement inspirée du système de cotation des voies d’escalade et tient compte des techniques à mettre en œuvre, des risques de blessure voire de décès en cas de chute et du degré d’autonomie requis durant la course.

Niveau Technicité Risques Exemples
I Terrain facile ne demandant pas l’usage des mains. Sentiers dégagés, à travers de grands espaces ou en basse montagne. Pas de risque ou blessures mineures. Sierre Zinal, Western States
II Terrain facile ne demandant pas l’usage des mains. Quelques passages rocheux ou chemins de montagne nécessitant une expérience en randonnée. Risque de blessures et nécessité d’être autonome en basse montagne (pouvoir gérer une évacuation retardée en cas d’accident, ne pas se perdre en cas de mauvaise visibilité, pouvoir suivre un sentier, savoir comment se comporter en cas de tempête). UTMB, Zermatt Ultraks, Giir di Mont, Zegama
III Terrain difficile, rochers, neige, hors piste. Nécessite l’usage des mains et une connaissance de la moyenne / haute montagne. Risque de blessures sérieuses. Demande de pouvoir survivre en autonomie dans des conditions de montagne difficiles. Diagonale Des Fous, 80 Chamonix, Dolomites Skyrace, Hardrock 100, The Rutt
IV Terrain difficile, rochers escarpés demandant l’escalade et l’usage de cordes. Connaissance de la haute montagne. Risque de blessures sérieuses. Demande de pouvoir survivre en autonomie dans des conditions de montagne difficiles. Sentiero delle Grigne, Elbrus race
V Terrain difficile, glacier, escalade rocheuse jusqu’au niveau III. Demande une connaissance de la haute montagne, de l’utilisation de crampons ou d’équipements techniques. Risque de blessures sérieuses ou de mort en cas de chute. Nécessite de pouvoir se mettre en sécurité dans une grande variété de situations. KIMA, Lenin race, els 2900, Tromso SkyRace

Tableau issu et traduit de Trail running label sur alpinrunning.org

Peuvent également entrer en ligne de compte : les conditions de sauvetage en cas d’accident, le nombre de poste de secours sur le parcours ou encore la météo habituellement constatée sur les lieux et aux dates de la course.

Il appartiendrait aux organisateurs de déterminer cet indice technique, de manière à fournir aux athlètes l’information la plus juste possible, leur permettant de s’aligner au départ en toute connaissance de cause.

Coureurs modestes, nous avons tous expérimenté comment une descente caillouteuse, la traversée d’une étendue marécageuse ou un passage à gué peuvent durcir un parcours à priori accessible. Chez nous, ces difficultés se traduiront par une poignée de minutes perdues à l’arrivée ou, au pis, par quelques éraflures. En montagne, la maîtrise technique du terrain devient une question de vie ou de mort.

On ne peut donc que saluer cette initiative d’un champion d’exception doublé d’un grand monsieur !

Jonathan Quique ©RunningGeek.be 2015

Pour aller plus loin :

3 réflexions sur “Kílian Jornet pour une identification claire de la difficulté des trails

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