Dans un premier billet, je vous parlais de mes débuts en tant que coureur. J’ai couru ces tours du Lac de Louvain-la-Neuve chaussé des Kalenji Ekiden, premier prix de la grande enseigne française Decathlon. Des chaussures déjà plus toutes neuves, jusqu’alors réservées à la salle de sport. Un mois plus tard, en vue d’allonger les distances, j’achetais ma première paire de « vraies » running, les Nike Zoom Structure 16. Elle m’accompagneront durant plus de 800 kilomètres. Aujourd’hui, en vrai running shoe geek (c’est le nom d’un groupe de passionnés très actifs sur Facebook), j’ai six paires à mon actif. J’alterne au gré des terrains et des sorties. La rotation permet aux semelles de retrouver leur forme entre deux sorties, prolonge la durée de vie des chaussures et préviendrait même des blessures.
Bref, je comptais donc tôt ou tard consacrer un article aux chaussures de course à pied. Le thème était justement au menu de l’émission « On n’est pas des pigeons ! » de ce jeudi 26 février. Le plateau de la RTBF recevait Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef du magazine Zatopek (et auteur d’une excellente synthèse sur le dopage).
Les chaussures de course à pied : où les acheter, comment les choisir.
Regarder l’émission sur le site de la RTBF
De ces quelques minutes, nous retiendrons qu’un magasin spécialisé n’est pas nécessairement plus cher qu’un e-commerçant, en tous cas lorsqu’on veut s’offrir les derniers modèles. Il faudra souvent attendre les fins de série pour dénicher de bonnes affaires sur le web. Quant à Gilles Goetghebuer, interrogé sur les éléments auxquels être attentif au moment du choix il pointera … la pointure (une taille plus grand que vos chaussures de ville) et la légèreté, du moins si le chrono compte pour vous. Le gel, les semelles à structure de nid d’abeille ? Du marketing.
Toujours intéressante, l’émission conso de la chaîne publique belge est cependant, par son format, limitée lorsqu’il s’agit d’aborder le fond des questions. Poursuivons la réflexion sur ce blog, sans la pression du sujet suivant (pour l’anecdote, durant l’émission, on est passé des chaussures de running aux mille et une vies d’une palette).
Où les trouver ?
Des sites comme I-Run (évoqué dans l’émission), Univers-Running ou Lepape l’emporteront souvent face aux boutiques spécialisées sur deux arguments : le choix et le prix affiché. Le choix, à condition d’encore trouver votre pointure : en dehors des nouveautés, les 47 trouveront bien plus facilement leur bonheur que la masse des 42. Les prix, car ces e-commerçants réalisent des économies d’échelle substantielles. Soulignons tout de même que des enseignes comme Jogging Plus (présente en Wallonie et à Bruxelles) offrent aux membres d’un club ou aux participants du programme « Je cours pour ma forme » des réductions qui permettent de s’approcher très fort des prix du net. Suffit de demander.
En fait, Internet est la solution idéale si vous savez dans quoi vous mettez les pieds, en achetant une seconde paire ou la nouvelle version de chaussures déjà éprouvées. Car l’achat en ligne vous prive d’une étape à mon sens essentielle avant l’achat : l’essayage. On y reviendra.
Deux options s’offrent à vous pour enfiler les chaussures avant de passer à la caisse. La grande surface sportive généraliste (Decathlon, Primo) ou le magasin spécialisé (Jogging Plus, déjà cité, mais aussi l’excellent Trakks plus une multitude de magasins indépendants). Ma préférence va au second qui vous offre un choix plus pointu, avec la certitude d’être conseillé par des vendeurs qui pratiquent la course à pied.
Comment les choisir ?
Gilles Goetghebuer n’a pas tort quand il déclare que Formotion™, Flextra ou Fitsole — 3 technologies repérées au hasard sur mes running — c’est une bonne dose de marketing. Si certaines se targuent de vous faire courir plus vite, aucune chaussure n’a la prétention de vous éviter les blessures. Et pour cause : en dépit des importants budgets consacrés à la R&D par les grandes marques, on attend toujours l’étude qui pourra démontrer de manière univoque le rôle d’une quelconque technologie dans la prévention des blessures.
D’ailleurs, n’accordez pas trop d’importance aux renforts contre la pronation ou la supination : la recherche prouve que les chaussures dites neutres ou universelles conviennent à tous les coureurs, quel que soit leur type de foulée. Sachant aussi que ce sont les seules qui pourront accueillir des semelles orthopédiques pour ceux qui ont réellement besoin d’une correction.
En définitive, la meilleure chaussure, c’est la plus confortable. D’où l’importance d’essayer avant l’achat, on le disait. Quelques dizaines de mètres au petit trot, sur tapis ou dans l’allée du magasin, peuvent suffire à déceler une gêne qui se muerait en calvaire sur une longue sortie. Au moindre doute, passez au modèle suivant. Et tant pis pour le look !
Autre intérêt de l’essayage : « sentir » l’amorti. Si un modèle plus « dur » pourra très bien convenir pour les sorties courtes ou sur sol meuble, sous-bois et chemins, vous veillerez toutefois à choisir un modèle plus amorti pour les longues distances et la route. Vos articulations vous en seront reconnaissantes.
Et les chaussures minimalistes me direz-vous ? Il s’agit de chaussures plus légères et près du sol, avec un drop (différence d’épaisseur de la semelle entre le talon et les orteills) moindre. N’en déplaise à Chris McDougall, auteur du best-seller « Born to run » qui inspira une génération de coureurs minimalistes, ces chaussures censées provoquer une foulée plus naturelle en attaquant le sol par l’avant du pied plutôt que le talon, ne conviennent pas à tout le monde et certainement pas aux débutants. La transition vers ces modèles prend plusieurs mois, même pour un coureur aguerri.
Bref, assez de théorie, si vous êtes décidé, passez à la pratique et poussez la porte d’un magasin spécialisé. Une bonne paire de chaussures ne devrait pas vous coûter beaucoup plus de 120 euros !
Jonathan Quique ©RunningGeek.be 2015
Une réflexion sur “Parlons chaussures”